La Bataille de Verdun

La Bataille de Verdun

du 21 février 1916 au 19 décembre 1916



La battaille de Verdun est une bataille d'usure dont le but est de « saigner à blanc l'armée française » sous un déluge d'obus dans un rapport de pertes de un pour deux. Elle se révèle en fait presque aussi coûteuse pour l'attaquant. Elle a fait plus de 700.000 pertes (morts, disparus ou blessés), 362.000 soldats français et 337.000 allemands, soit une moyenne de 70.000 victimes pour chacun des dix mois de la bataille.

Cette bataille se termine par un retour à la situation antérieure. Bien qu'elle soit non décisive, sans conséquences stratégiques, militaires et politiques notables, la mémoire collective en a rapidement fait une victoire défensive de l'armée française.



(Sources : www.rendlemanhome.com )



C'est la plus longue bataille de la Première Guerre mondiale et l'une des plus dévastatrices, d'où le mythe de Verdun, la « mère des batailles » qui apparaît comme le lieu d’une des batailles les plus inhumaines auxquelles l'homme se soit livré, l'artillerie y causant 80 % des pertes. Le rôle des soldats dont le rôle consiste surtout à survivre — et mourir — dans les pires conditions sur un terrain transformé en enfer, tout cela pour un résultat militaire nul.

Lors de cette bataille, les allemands choisissent d'adopter une stratégie tout à fait novatrice. Au lieu de tenter une rupture sur un endroit particulier du front, ils décident d'amener l'armée française au bout de ses ressources matérielles et morales. Par une suite ininterrompue d'attaques répétées, ils souhaitent user l'ennemi dans son ensemble, d'où le nom de "Bataille d'usure".

Le site de Verdun a été un choix stratégique raisonné pour de multiples raisons :

Tout d'abord, c’est une position stratégique car le saillant se trouve à proximité immédiate du bassin minier et des usines d’obus de Briey-Thionville, ainsi que du complexe ferroviaire de Metz, Verdun pouvant servir de base de départ à une offensive française pour menacer l'approvisionnement et les communications allemandes,

Le saillant de Verdun est entouré par les forces allemandes de trois côtés, qui bénéficient d'un réseau logistique de voies ferrées performantes, alors que, du côté français, Verdun ne peut être approvisionné que par une mauvaise route et une ligne de chemin de fer à voie étroite. La région fortifiée de Verdun, une des principales places du système défensif Séré de Rivières, est plutôt isolée par rapport au reste du front français,

Verdun est une ville mythique pour les Français : elle a subi onze sièges au cours de l'histoire depuis la conquête par Clovis en 502 avant de devenir la ville du Saint-Empire romain germanique et d'être définitivement annexée en 1648, par le traité de Westphalie. C'est également le lieu du traité de Verdun en 843 qui déchire à jamais l'unité du vieil empire de Charlemagne.


Quant aux Français, Joffre laisse le secteur de Verdun dégarni pour préparer l'offensive de la Somme. D'ailleurs la confrontation aurait du avoir lieu sur la Somme si les Français avaient mis en œuvre leur plan d'attaque plus rapidement que les Allemands.



La situation de Verdun



C’est un saillant des lignes françaises, cerné de tous les côtés, la Meuse compliquant la défense du secteur. Dans le saillant se trouve une double ceinture de 34 forts et ouvrages fortifiés, dont ceux de Douaumont et de Vaux. Mais depuis la destruction des fortifications de Liège, Namur et Maubeuge par les obusiers allemands, le commandement français ne croit plus aux places fortes, vouées à la perte de leur armement et la capture de leurs garnisons en raison des progrès de l'artillerie. Les canons des forts de Verdun ont été retirés par décret du 5 août 1915, diminuant ainsi très fortement leur capacité opérationnelle25. Joffre a besoin de ces canons pour l’offensive qu’il projette dans la Somme. De même, les garnisons occupant les forts sont bien souvent réduites à quelques dizaines de combattants, voire moins. Le système de défense est lui aussi parfois ramené à une tranchée au lieu de trois, et les barbelés sont en mauvais état.



La Place fortifiée de Verdun

(Sources : artois 1418 )



Pour ravitailler le secteur, il ne reste plus qu’un chemin de fer à voie étroite, le Chemin de Fer Meusien, reliant Bar-le-Duc à Verdun, la prise de Saint-Mihiel par les Allemands en 1914 ayant coupé définitivement la ligne de chemin de fer à voie normale reliant Verdun à Nancy par Saint-Mihiel. Véritable tortillard, le Chemin de Fer Meusien est impropre au transport de matériel lourd. Parallèlement au Chemin de Fer Meusien se trouve une route départementale, « la voie sacrée ». Ce manque de voies de communication avec l’arrière rend encore plus fragile cette partie du front.



La préparation de la Bataille



Donc Verdun a été choisi, par les Allemands, pour sa vulnérabilité et aussi parce qu’il n’y aura pas à déplacer beaucoup de troupes. Comptant sur leur supériorité en artillerie lourde, ils vont employer la méthode du Trommelfeuer, les canons ne tirent pas par salves mais en feu à volonté, ce qui effectue un pilonnage continu. La préparation d’artillerie devra permettre de détruire les défenses du terrain à conquérir. Au départ l'opération est prévue pour le 10 février, mais elle est reportée pour cause de mauvais temps.

Les Allemands rassemblent face à Verdun quelque 1 225 pièces d’artillerie de tous calibres dont 542 obusiers lourds. En moyenne, on peut compter un obusier rapide de 210 mm tous les 150 m. Ils déploient 13 obusiers Krupp de 420 mm, 17 obusiers ŠkodaN 3 de 305 mm, 2 pièces de marine de 380 mm et les munitions en conséquence, environ 2 500 000 obus.



L'artillerie allemande à Verdun

(Sources : les panissières )



Les Allemands massent 72 bataillons d’infanterie dans des abris enterrés et ne prévoient que d'attaquer les forts de la rive droite de la Meuse. Sur les vingt divisions affectées à l'opération, dix sont prévues pour la bataille proprement dite, les dix autres sont réservées pour une éventuelle bataille décisive sur un autre secteur dégarni en conséquence.

Tous ces préparatifs ne peuvent échapper à l’attention des défenseurs de Verdun qui ne manquent pas de rapporter le renseignement aux plus hautes instances militaires. De plus, depuis la mi-janvier, les préparatifs allemands sont confirmés par le 2e bureau (service de renseignement militaire français), par la reconnaissance aérienne qui prend des photographies inquiétantes et par des déserteurs Alsaciens-Lorrains. Joffre reste sourd à ces renseignements. Toutefois il décide d'envoyer un détachement du génie, mais il est bien tard.



La Bataille



Le lundi 21 février 1916 à 4 heures du matin, un obus de 380 mm explose dans la cour du palais épiscopal de Verdun. Ce n'est qu'un réglage de tir, le véritable déluge de feu commençant à 7h15 avec un obus de 420 mm. C’est le début d'une bataille qui va durer dix mois et faire plus de 300.000 morts et 700.000 victimes.

Sur la partie centrale, de long de 15 kilomètres, les Allemands ont installé quarante batteries de 800 canons qui pilonnent les tranchées françaises, sur un front d'environ 30 kilomètres, jusqu'à 16 heures. Au bois des Caures durant cette journée, 80.000 obus tombent en 24 heures. Le bombardement est perçu jusque dans les Vosges, à 150 km.



Le bois des Caures

(Sources : Vincent Constant )



À 16 heures, le même jour, 60.000 soldats allemands passent à l’attaque sur un front de six kilomètres au bois des Caures, croyant s'attaquer à des troupes à l'agonie, totalement désorganisées mais ils se heurtent à une résistance inattendue. Les Allemands effectuent une progression limitée, aménageant immédiatement le terrain afin de mettre l’artillerie de campagne en batterie. La portée ainsi augmentée, les canons allemands menacent directement les liaisons françaises entre l’arrière et le front.

Les forces françaises sont écrasées par cette pluie d’acier, 1.120 hommes tombent. Il n’y aura que 110 rescapés parmi les 56e et 59e bataillon de chasseurs à pied. Sur le reste du secteur, les défenses sont broyées, disloquées, écrasées. En quelques heures, les massifs forestiers disparaissent, remplacés par un décor lunaire. Les massifs de Haumont, de Herbebois et des Caures sont déchiquetés, hachés, nivelés. Derrière le feu roulant, l'ennemi avance lentement. Deux millions d’obus — un obus lourd toutes les trois secondes — tombent sur les positions françaises en deux jours.

Le fort de Douaumont, qui n’est défendu que par une soixantaine de territoriaux, est enlevé dans la soirée du 25 février 1916. Ce succès fut immense pour la propagande allemande et une consternation pour les Français. Douaumont devient le point central de la défense allemande sur la rive droite de la Meuse. Par cette prise, les Allemands ne se retrouvent plus qu'à 5 km de la ville de Verdun, se rapprochant inexorablement.



Le Fort de Douaumont en 1916

(Sources : Wikipédia )



Malgré tout, la progression allemande est très fortement ralentie. En effet, la préparation d’artillerie présente des inconvénients pour l’attaquant. Le sol, labouré, devient contraignant, instable, dangereux. Bien souvent, la progression des troupes doit se faire en colonne, en évitant les obstacles.

Contre toute attente, les Allemands trouvent une opposition à leur progression. Chose incroyable, dans des positions françaises disparues, des survivants surgissent. Des poignées d’hommes, souvent sans officiers, s’arment et ripostent, à l’endroit où ils se trouvent. Une mitrailleuse suffit à bloquer une colonne ou la tête d’un régiment. Les combattants français, dans un piteux état, résistent avec acharnement et parviennent à ralentir ou à bloquer l’avance des troupes allemandes.

Un semblant de front est reconstitué. Les 270 pièces d’artillerie françaises tentent de rendre coup pour coup. Deux divisions françaises sont envoyées rapidement en renfort, le 24 février 1916, sur ce qui reste du front. Avec les survivants du bombardement, elles arrêtent la progression des troupes allemandes. Le 24 février, l’ordre est donné de résister sur la rive droite de la Meuse, du côté du fort de Douaumont, au nord de Verdun. La progression des troupes allemandes est ainsi stoppée grâce aux renforts, jusqu'au lendemain our de la prise du fort de Douaumont.

C’est la fin de la première phase de la bataille de Verdun. Manifestement, les objectifs allemands ne sont pas atteints. Un front trop limité, un terrain impraticable et la hargne du soldat français semblent avoir eu raison du plan allemand.

Le 24 février 1916, Joffre décide de l'envoi à Verdun de la IIe armée, qui avait été placée en réserve stratégique, et dont le général Pétain, en poste à Noailles, était le commandant depuis le 21 juin 1915.



Les voies d'accès à Verdun.

(Sources : Les Français à Verdun )



Dans un premier temps, le général Pétain réorganise la défense. Elle s’articule sur les deux rives de la Meuse, en quatre groupements. Une artillerie renforcée dans la mesure des disponibilités couvre les unités en ligne. Les forts sont réarmés. Pour ménager ses troupes, il impose le « tourniquet », les troupes se relaient pour la défense de Verdun. En juillet 1916, 70 des 95 divisions françaises ont participé à la bataille, soit un million cinq cent mille hommes, les soldats restant quatre ou cinq jours en premières lignes, puis la même durée en secondes lignes et dans les villages de l'arrière-front.

Dans un second temps, il réorganise la logistique. La seule voie de ravitaillement possible consiste en une voie ferrée sinueuse doublée d’une route départementale. La route ne fait que sept mètres de large et se transforme en bourbier dès les premières pluies. Sur ces 56 km de piste, il fait circuler une succession ininterrompue de camions roulant jour et nuit.

Cette artère vitale pour le front de Verdun est appelée « La Voie sacrée ». Il y circule plus de 3.000 camions, un toutes les quinze secondes. 90.000 hommes et 50.000 tonnes de munitions sont transportés chaque semaine.

Des carrières sont ouvertes dans le calcaire avoisinant. Des territoriaux et des civils empierrent en permanence la route. Des milliers de tonnes de pierres sont jetées sous les roues des camions qui montent et descendent du front. Les deux files font office de rouleau compresseur et dament les pierres.

Un règlement draconien régit l’utilisation de cette route. Il est interdit de stationner. Le roulage se fait pare-chocs contre pare-chocs, de jour comme de nuit. Le flot ne doit s’interrompre sous aucun prétexte. Tout véhicule en panne est poussé au fossé.



La Voie Sacrée.

(Sources : Au fil des mots et de l'histoire )



La voie ferrée existante est une voie métrique. Elle est intensément exploitée à partir du matériel roulant d'origine mais comme cela ne suffit pas, l'armée utilise aussi des locomotives, voitures et wagons en provenance de toute la France. Alors que le réseau n'est pas dimensionné pour absorber un tel trafic, aucun accident n'est à déplorer. Dans le même temps, les sapeurs construisent une nouvelle voie de chemin de fer, à voie normale cette fois, pour desservir Verdun : la ligne 6 bis. Construite en un temps record, elle contribue à la victoire française, en particulier en évitant les transbordements.

Enfin, Pétain réorganise l’artillerie. L’artillerie lourde restante est récupérée. Un groupement autonome est créé et directement placé sous ses ordres. Cela permet de concentrer les feux sur les points les plus menacés. Ces changements apportés à cette partie du front font remonter le moral de la troupe qui sent en Pétain un véritable chef qui la soutient dans l’effort et la souffrance.

Pour la première fois depuis le début de la guerre, l'aviation intervient de manière véritablement organisée avec la création de la première grande unité de chasse, chargée de dégager le ciel des engins ennemis, et de renseigner le commandement sur les positions et les mouvements de l'adversaire. Les Allemands sont arrêtés à quatre kilomètres de leurs positions de départ, avance très faible eu égard aux moyens qu'ils ont engagés.

Les combats se livrent sur les deux rives de la Meuse

Les Allemands attaquent autour du Mort-Homme, du côté de la rive gauche, du bois des Bourrus, du bois de Cumière et du bois des Corbeaux. Puis ils attaquent sur la rive droite autour du fort de Vaux, de la côte du Poivre et d’Avocourt. Ce sont à chaque fois des boucheries pour les deux camps. En ces lieux, tant du côté français qu'allemand, ces hommes ont fait preuve tout à la fois de courage, de désespoir, de sacrifice et d’abnégation.

Sur ces positions, les armées françaises et allemandes sont impitoyablement usées et saignées à blanc. Nombreuses sont les unités qui doivent être entièrement reconstituées à plusieurs reprises ou qui disparaissent.



La butte du Mort Homme.

(Sources : La marque de la Grande Guerre )



Le 6 mars 1916, les Allemands pilonnent et attaquent le Mort-Homme sur la rive gauche. Mais le feu français les arrête. Cette « bataille dans la bataille » va durer jusqu’au 15 mars. Au cours de ces 10 jours, le secteur est transformé en désert. Les combattants des deux bords y connaissent toutes les souffrances.

Simultanément, le 7 mars, les Allemands lancent une offensive sur la rive droite, à partir de Douaumont. Cette partie du front fut le secteur le plus durement touché de la bataille. Le fort de Souville, l'ouvrage de Thiaumont, l'ouvrage de Froideterre permirent à l'armée française de s'accrocher sur la dernière position haute dominant la ville de Verdun. Le village de Fleury-devant-Douaumont fut le théâtre de combats particulièrement intenses, il fut pris et repris seize fois. Mais les Allemands n'iront pas plus loin. Ce village, qui fait aujourd'hui partie des six communes mortes pour la France, a représenté l'avance extrême de l'armée allemande devant Verdun.

Le saillant de Verdun se transforme en une innommable boucherie où la sauvagerie l’emporte sur toute sorte de compassion. Le fer, le feu et la boue forment la triade infernale composant la vie du « poilu », mais aussi celle du « Feldgrau » allemand.

La 11e division bavaroise investit, le 20 mars, la cote 304 qui couvrait de son feu le Mort-Homme. Malgré ces succès, l’offensive générale allemande sur les deux rives de la Meuse est arrêtée par les Français. Au début de la bataille les effectifs français étaient de 150.000 hommes. En avril, ils s'élèvent à 525.000 hommes. Cette concentration humaine sur une si faible surface pourrait expliquer dans une certaine mesure le bain de sang que constitue Verdun. Cependant, les Allemands étant arrêtés, Joffre veut quelqu’un de plus offensif pour diriger la bataille. Le 1er mai 1916, il nomme Pétain chef du groupe d’armées Centre et le général Nivelle à Verdun.

Ce dernier charge le général Mangin de reprendre le fort de Douaumont. La bataille s’engage par six jours de pilonnage du fort par les Français. L’infanterie prend pied sur le fort le 22 mai, mais en est chassée le 24. Durant ce temps, 10.000 Français tombent pour garder la cote 304 où les Allemands sont accrochés sur les pentes.

L’artillerie, pièce maîtresse de ce champ de bataille, est toujours en faveur du côté allemand avec 2.200 pièces à ce moment-là pour 1.800 pièces côté français. On dirait que Verdun agit comme catalyseur. Les belligérants ne semblent plus pouvoir renoncer et sont condamnés à investir de plus en plus de forces sur ce champ de bataille qui a déjà tant coûté. Les Allemands reprenent l’offensive sur la rive droite de la Meuse. Sur un front de six kilomètres, les Allemands sont à quatre contre un. Ils mettent les moyens pour emporter la décision qui tarde depuis si longtemps. À trois kilomètres au sud-est de Douaumont se trouve le fort de Vaux. Il est défendu par une garnison de 600 hommes. L’eau, les vivres et l’artillerie sont en quantité insuffisante. Après une intense préparation d’artillerie, le 1er juin 1916, l’infanterie allemande se lance à l’attaque du fort. Le 2 juin, elle pénètre dans l’enceinte. Toutefois, il faut encore « nettoyer » la place. Les combats se livrent couloir par couloir. Il faut gazer la garnison pour la réduire. Une expédition de secours est anéantie le 6 juin. Finalement, le commandant Raynal, chef de la place, capitule le 7 juin car les réserves d'eau à l'intérieur du fort ont tombées à zéro.



Le fort de Vaux.

(Sources : Quéménéven 14-18 )



Les Allemands sont tout près de Verdun dont ils peuvent apercevoir les spires de la cathédrale. Le 18 juin 1916, le secteur est bombardé avec des obus au phosgène. Mais les 70.000 Allemands doivent attendre, l’arme à la bretelle, que le gaz se dissipe pour attaquer. Ce temps précieux est mis à profit par les forces françaises pour renforcer la position. Lorsque l’assaut recommence, le 23 juin, il réussit à faire une percée de 6 kilomètres et occuper la crête de Fleury.

Le sort de la bataille bascule

Le 1er juillet 1916 au matin, les Alliés ont attaqué sur la Somme. Les Russes avancent sur le front oriental et les Italiens font reculer les Autrichiens. Des troupes et de l’artillerie ont été prélevées sur le front de Verdun ce qui complique la situation du commandement allemand pour continuer les opérations à Verdun.

Le 11 juillet, Falkenhayn lance l’offensive de la dernière chance, son obstination pouvant s'expliquer par les rivalités au sommet de la Ve armée, exacerbées par la crainte de l'humiliation qu'entraînerait l'aveu d'une erreur stratégique. Les Allemands partent à l'assaut après une préparation d'artillerie de trois jours visant le fort de Souville. Ce dernier est écrasé par les obus de très gros calibre car il est le dernier arrêt avant la descente sur la ville de Verdun. Néanmoins, l'artillerie de campagne du 6e CA ainsi que des mitrailleurs sortis des niveaux inférieurs du fort de Souville portent un coup d'arrêt définitif aux vagues d'assaut allemandes. Une cinquantaine de fantassins allemands parviennent quand même au sommet du fort mais ils sont faits prisonniers ou regagnent leurs lignes : le fort de Souville était définitivement dégagé le 12 juillet dans l'après-midi. Souville marque donc l'échec définitif de la dernière offensive allemande sur Verdun en 1916. L'attaque est bloquée à trois kilomètres de la ville.



Le fort de Souville.

(Sources : Wikipédia )



Du 21 au 24 octobre les Français pilonnent les lignes ennemies. Écrasés et gazés par des obus de 400 mm, les Allemands évacuent Douaumont le 23 octobre. Les batteries ennemies repérées sont détruites par l’artillerie française.

Puis, le 24 octobre, trois divisions françaises passent à l’attaque sur un front de sept kilomètres. Douaumont est repris et 6.000 Allemands sont capturés.

Le 2 novembre, le fort de Vaux est évacué par les Allemands. Au 21 décembre, la plupart des positions perdues en février sont récupérées par les Français.



Bilan de la Bataille



C'est une guerre de position, les pertes ont été considérables, pour un territoire conquis nul. Après 10 mois d’atroces souffrances pour les deux camps, la bataille aura coûté aux Français 378.000 hommes (62.000 tués, plus de 101.000 disparus et plus de 215.000 blessés, souvent invalides) et aux Allemands 337.000. 53 millions d’obus (30 millions d'obus allemands et 23 millions d'obus français, une estimation parmi d'autres, aucun chiffre officiel n'existant) y ont été tirés, dont un quart au moins n'ont pas explosé (obus défectueux, tombés à plat, etc.), 2 millions par les Allemands pour le seul 21 février 1916. Si l'on ramène ce chiffre à la superficie du champ de bataille, on obtient 6 obus par mètre carré. Ainsi, la célèbre cote 304, dont le nom vient de son altitude, 304 mètres, ne fait plus que 297 mètres d'altitude après la bataille et le Mort-Homme a perdu 10 mètres. Les Allemands ont employé à cet effet 2.200 pièces d'artillerie, les Français 1.727.



Dépot de douilles.

(Sources : Culture Patrimoine et Histoire de Passy )



Du fait du résultat militaire nul, cette bataille, ramenée à l'échelle du conflit, n'a pas de conséquences fondamentales.



Conclusion



La résistance des combattants français à Verdun est relatée dans le monde entier. La petite ville meusienne, surtout connue pour le traité de Verdun signé en 843, acquiert une réputation mondiale. Cette victoire défensive est considérée par les combattants comme la victoire de toute l'armée française, dont la plus grande partie du contingent a participé aux combats. Sur les 95 divisions de l'armée française, 70 y ont participé. « Verdun, j'y étais ! » affirment, avec un mélange de fierté et d'horreur rétrospective, les poilus qui en sont revenus. Pour la nation tout entière, Verdun devient le symbole du courage et de l'abnégation.